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La sexualité est propre à chacun. Il existe autant de manières de pratiquer l’amour qu’il existe d’Hommes sur cette terre. Cependant, de nombreuses femmes aujourd’hui, s’interdisent certains plaisirs par contrainte. C’est notamment le cas des femmes vaginiques. Bien qu’elles vivent une sexualité épanouie, la pénétration pénienne est proscrite de leurs habitudes. Phobie de la sexualité, anticipation de la douleur, voici tout ce qu’il y a à savoir sur le vaginisme.
Vaginisme, kézako ?
Le vaginisme est un trouble sexuel. Un dysfonctionnement commun qui touche des milliers de femmes. On estime aujourd’hui qu’il concerne 1 à 3 % des Françaises.
Peur panique de la pénétration, pénétration impossible ou douloureuse… Le vaginisme se définit par des contractions involontaires des muscles pelviens. Pourtant, les organes des femmes vaginiques ne sont pas “moins normaux” qu’une femme épanouie sexuellement.
En réalité, il s’agit d’un mécanisme incontrôlable. Ce n’est donc pas le vaginisme en lui-même qui provoque ces douleurs, mais la tentative de pénétration.
Finalement, il s’agit d’un cercle vicieux : l’anticipation de la douleur provoque la contraction du plancher pelvien, qui, provoque la douleur et donc nourrit encore plus cette peur irrationnelle. En d’autres termes, tout se passe dans la tête.
Pour autant, le vaginisme n’empêche pas de ressentir du désir sexuel ou de l’excitation. La lubrification se fait normalement et il est tout à fait possible d’atteindre l’orgasme clitoridien.
On distingue deux sortes de vaginismes.
Le vaginisme primaire
Le vaginisme dit primaire apparaît dès le début de la vie sexuelle. Il concerne généralement les femmes vierges, paniquées à la simple idée de la pénétration.
Cette phobie incontrôlable est souvent due au manque de connaissances de notre propre anatomie. Encore aujourd’hui, le premier rapport sexuel d’une jeune femme est synonyme de douleur.
On imagine que notre vagin sera trop petit, trop serré. On redoute la “fracture” de l’hymen, cette membrane tant caractéristique de notre virginité. En somme, la première pénétration est vécue comme une véritable déchirure, source de douleur insupportable et de saignement. À tort.
En général, ces femmes repoussent toutes tentatives d’insertion que ce soit des tampons, des doigts, ou même un spéculum. C’est ce qu’on appelle le vaginisme global.
Souvent, elles ont même tendances à se tourner vers des partenaires plutôt réservés. Peu sûr d’eux et parfois même souffrant de trouble de l’érection par exemple. De cette façon, cela leur permet d’appréhender la sexualité différemment, sans craindre la pénétration.
Le vaginisme secondaire
A contrario, il est tout à fait possible de vivre une sexualité pleinement épanouie durant des années, puis de devenir vaginique.
Il n’est pas rare que les femmes âgées de 40 à 50 ans développent une angoisse de la pénétration. Ceci est souvent dû à l’âge et aux changements hormonaux qui vont de pair. La lubrification n’est plus suffisante pour permettre à la pénétration de se faire facilement.
En revanche, si la pénétration est possible mais douloureuse, il peut s’agir d’un problème plus grave qu’est la dyspareunie. Dans certaines formes de vaginisme, dit situationnel, seule la pénétration du pénis est impossible. Il peut aussi dépendre de notre partenaire sexuel.
D’où vient ce trouble sexuel ?
Le vaginisme est due à des blocages psychologiques. D’après la sexologue et docteure Catherine Solano, trois problématiques majeurs peuvent entraîner un vaginisme.
Premièrement, il peut être lié à un traumatisme sexuel vécu durant l’enfance (tampon inséré de force, excision, accident…). Il ne s’agit pas d’agressions sexuelles à proprement parler, mais plutôt d’agressions médicales. En réalité, le viol est rarement une cause de vaginisme.
Parfois, il peut survenir suite à des infections urinaires à répétition ou des maladies chroniques.
Deuxièmement, ces angoisses sont souvent représentatives de notre éducation sexuelle. “Le sexe, ça fait mal”,”le sexe, c’est sale”. Ainsi, de manière inconsciente certaines femmes s’imprègnent tellement de ces idées reçues que cela impact directement leur propre sexualité.
Dernièrement, aussi étonnant que cela puisse paraître, le vaginisme peut être une réaction à la perte d’un enfant proche. D’une certaine façon, le corps refuserait toute pénétration, pour éviter la venue au monde d’un enfant qui pourrait potentiellement mourir.
Quoi qu’il en soit, l’élément déclencheur de ce trouble sexuel n’est autre que la peur liée à un traumatisme passé.
C’est précisément pour cette raison qu’il ne faut surtout pas se culpabiliser. De nombreuses femmes se terrent dans le silence et préfèrent subir leur mal-être, par honte. Or, plus le vaginisme est repéré rapidement, plus il est facile de le traiter.
Il faut libérer la parole.
Dans un premier temps, il est important de pouvoir en discuter avec son gynécologue ou son médecin traitant. En revanche, il n’est pas rare de tomber sur un professionnel peu averti et compatissant…
En effet, le vaginisme étant un réflexe de contraction incontrôlable, il n’est pas réellement détectable à l’œil nu. Pour autant, ce n’est pas parce que votre vagin ne présente aucune anomalie que votre douleur n’est pas réelle.
Apprendre à se réapproprier son corps
Bien heureusement, le vaginisme n’est pas une fatalité. La vie sexuelle épanouie dont vous rêvez demandera simplement un peu plus de temps.
Cela nécessite de travailler à la fois sur la psychologie et sur le corps. Dans un premier temps, une introspection permettra finalement de déceler les traumatismes à l’origine du vaginisme. Ainsi, le cerveau sera capable à terme de les assimiler et de passer outre cette peur, notamment grâce la méthode EDMR, une thérapie comportementale.
Il faut aussi apprendre à se réapproprier son corps. À se familiariser avec notre vagin, cette zone si mystérieuse qui nous angoisse tant. Grâce, par exemple, à des exercices de relaxation ou d’auto-hypnose.
De la même manière, il faut réapprendre à contrôler ses muscles. Rééducation du périnée, dilatateur de vagin, pénétration progressive… certains kinésithérapeutes sont justement spécialisés dans les douleurs pelvi-périnéales et les troubles sexuels.
Il s’agit également d’un travail de couple. Le conjoint à une place importante dans ce cheminement. Il est un véritable soutien dans votre progression. Qui plus est, ce processus peut parfois demander des mois avant de pouvoir porter ses fruits.
Ainsi, les premières tentatives devront se faire en toute bienveillance et en pleine conscience de vos sensations.