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Le terme sanskrit Mudra signifie « geste » ou encore « symbole » et fait référence à une gestuelle des mains le plus souvent, mais également des yeux. Cette pratique remonte aux sources de l’hindouisme. A l’origine ils étaient réservés à la danse traditionnelle indienne qui raconte par le mouvement, le jeu théâtral et le mime, les deux grandes épopées hindoues que sont le Ramayana et le Mahabharata, textes fondateurs de toute la mythologie hindoue. Pour les indiens, les Mudras permettent de rentrer directement en contact avec les Dieux et de développer en soi les qualités métaphysiques qu’ils représentent. Cette gestuelle spirituelle est un art extrêmement vaste, constitué de milliers de combinaisons possibles. Aujourd’hui, dans les cours de yoga, certains de ces Mudras sont très largement utilisés, de façon presque ornementale et en dépit de leur sens profond. Essayons, ici, d’aller un peu plus loin dans la compréhension de ces gestes réputés puissants.
Namasté ou Anjali-mudra
Qu’on le pratique ou pas, tout le monde connait ce geste des deux mains jointes à la poitrine. Confondu à tort avec un « merci » ou un « bonjour », ce Mudra signifie beaucoup plus en réalité. Il est une façon d’exprimer à l’autre la reconnaissance de son âme à l’identique de la nôtre, de la « lumière divine » que nous partageons en nous et qui brille dans nos cœurs, à l’endroit même où sont posés nos pouces joints. D’ailleurs la plupart des personnes qui font Namasté font l’erreur de diriger les autres doigts vers leur menton alors qu’ils devraient être orientés vers l’avant, vers le cœur de l’autre que l’on reconnait comme étant soi. Une façon de dire « toi et moi, nous ne faisons qu’un ».
Jnana-mudra, le geste de la connaissance
Là encore, il s’agit d’un geste très connu et souvent proposé aux élèves dans les postures assises de méditations ou de Pranayama (exercices respiratoires). Pour le prendre, il suffit de joindre le pouce et l’index de telle sorte que l’ongle de l’index touche l’intérieur du pouce, en laissant les autres doigts détendus, et de poser le dos des mains sur ses genoux, paumes de mains vers le haut. Chaque doigt a une signification symbolique déterminée. Ici, l’index symbolise l’âme individuelle tandis que le pouce représente l’âme universelle, le grand Tout cosmique. Jnana-mudra figure donc l’objectif ultime du Yoga, l’Union du moi dans le Soi, la fusion de l’individu dans l’Univers.
Il existe une variante à ce geste qui est Chin-mudra, ou geste de la sagesse. Dans ce cas-là, les paumes de mains sont tournées vers le sol.
Dhyani-mudra, le geste de la méditation
Très souvent le Bouddha est représenté dans cette attitude de méditation, en assise, et les mains formant une coupole avec les doigts légèrement entrelacés et les pouces joints. Les mains sont placées paumes vers le haut, juste sous le nombril, les bras reposant sur les cuisses. Dans un état profond de méditation, d’absorption totale, il n’y a plus de conscience individuelle. Là peut alors s’exprimer l’intuition divine, encore appelée troisième œil. Et lorsque cet état d’éveil supérieur se produit, la tradition dit qu’un nectar suprême coule de ce troisième œil, nectar qui est recueilli dans les mains ainsi placées.
Shambhavi-mudra, le regard au milieu des sourcils
Toujours en assise et quelque soit le mudra employé avec les mains, il s’agit pour pratiquer Shambhavi-mudra de focaliser son regard entre les deux sourcils, que les yeux soient ouverts ou fermés. C’est un peu comme si on cherchait à regarder à l’intérieur de son crâne. D’après les textes anciens, les Tantras, cet exercice compte parmi les plus puissants du yoga. Il permet au pratiquant de se libérer du mental et d’accéder à des états de conscience supérieurs. Le Shambhavi-mudra stimule la musculature de l’œil et a la vertu d’éliminer le stress.
Agoshari-mudra, le regard sur la pointe du nez
Pour ce mudra-ci, le regard se focalise sur le bout du nez, paupières à demi fermées ou complètement closes. Ce geste développe la capacité de concentration et stimule la Kundalini, c’est-à-dire l’Energie Cosmique latente en chacun de nous.
Bhuchari-mudra, le regard à l’horizon.
Tous les élèves de yoga ont déjà entendu cette consigne de leur professeur : « regardez loin à l’horizon ». Eh bien il s’agit d’un mudra à part entière. En yoga, on dit que les yeux sont un lieu de haute agitation du mental. Pratiquer Bhuchari-mudra en immobilisant les globes oculaires favorise donc l’apaisement du mental et est une très bonne préparation à la méditation. En outre, il permettrait de développer la mémoire.
Il existe de nombreux mudras encore. C’est une pratique à part entière, vaste et infinie, tel que l’est le Yoga. Ceux-là sont les plus fréquemment proposés en cours, et connaître le sens et la portée de ces gestes vous aidera sûrement à aller plus loin dans votre pratique et dans votre ressenti.